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GALERIE FRANçOIS fONTAINe

Michel FAUP

Du 7 avril au 15 mai 2016

L'expo

Sculpture

 

POÉSIE AU BORD DU LAC – PROMENADE TEMPORELLE

Lorsqu’en septembre 2015 fut décidée l’exposition de mes sculptures à la Galerie François Fontaine au printemps 2016, ma première pensée fut pour Charles Ferdinand Ramuz. D’ordinaire, le thème de mes expositions découle soit de l’enchaînement naturel de mes explorations, soit de ce que le lieu de l’exposition m’inspire. Charles Ferdinand Ramuz dont j’avais découvert les écrits en 1985 avec une certaine fascination. Le rythme tranquille et léger de ses phrases, une lumière dorée qui s’insinue entre les mots.

Voilà que s’impose à moi l’idée de consacrer mon travail au « Pouvoir insurrectionnel de la poésie ». Et je réalise dans l’enthousiasme un petit poète en terre. Il est bien présent avec son œil immense, ses mains prêtes à embrasser le monde et sa bouche entrouverte sur des vers douloureux. Petit, puissant mais d’une tristesse flamboyante, car la poésie dresse un rempart d’humanité vulnérable face à la barbarie.

Que dire d’autre alors ?

Surgiront de petites baigneuses affairées au plaisir de la plage. Comme souvent dans mon travail lorsque les difficultés s’installent.

Entre temps, j’ai appris que la surface d’exposition est très importante. Le lieu idéal pour une promenade à travers ma production des 25 dernières années.

Avec les baigneuses comme motif récurrent.

Donner à voir l’évolution de mon rapport au corps : fragmentaire au début pour marquer sa vulnérabilité mais aussi sa capacité de résistance au monde ; puis simplifié à outrance, ramené à l’état de symbole, stèle à l’hermétisme têtu ; recomposé ensuite en jouant sur les principes d’équivalence de volume et de tension ; distordu à l’envi, tendre, gorgé d’une énergie vitale qui le dresse dans une danse intense pour finir.

Et voilà que le labeur des années passées sur le groupe se voit récompensé : des couples de baigneurs à la complexité exubérante apparaissent. Dans une liberté qui me déconcerte moi-même, les gestes s’élancent dans l’espace. Chaque personnage vit l’instant de manière totalement autonome, presque indifférent à la présence de l’autre. Et pourtant, le groupe existe aussi, fait d’une histoire parallèle dont rien n’est dit.

Point culminant : la « catastrophe balnéaire » comme une piéta déconcertante, violente et naïve. S’agit-il vraiment d’une chute, saisie dans sa fulgurance ? Ou bien n’est-ce qu’un artifice.

Un baigneur tout à son jeu.

Une petite baigneuse nostalgique qui contemple la poésie de l’instant enfin.

Michel Faup